LIVRE ET ROMAN AUX XXe et XXIe SIÈCLES
Colloque de doctorants
Université Paris-Ouest-Nanterre-La Défense
- 3 & 4 novembre 2011
Organisateurs :
Sandra Cheilan, Elise Duclos, Karen Haddad
Colloque organisé avec le soutien de l'ED 138, du Centre de Recherches en Littérature et Poétiques comparées dirigé par Camille Dumoulié, et de l'équipe « Poétique du récit » dirigée par Karen Haddad.
Dans la
Préparation du Roman I et II, Barthes définit trois « grandes fonctions mythiques de l’Œuvre en tant que volume » : L’Ur-livre : l’Arché-Livre, le Livre-Origine, pour une religion, et partant pour une civilisation », Le « Livre-Guide », et le « Livre-clef ». C’est à cette idée de « L’Ur-Livre », du « Livre-Origine », et à la manière dont il continue peut-être, tel un spectre, de hanter le roman moderne, que nous proposons de consacrer ce colloque.
Livre et roman au XXe siècle entrent dans une tension paradoxale et féconde. Une certaine tradition critique, héritée de Bakhtine, considère le roman comme un genre bas et populaire, le genre du renversement carnavalesque ou de la démystification, par opposition à la poésie, dont la parenté avec le verbe inspiré des livres saints a été souvent étudiée. Doublement éloigné du sacré des Ecritures et de l’aristocratie littéraire du genre poétique, le roman investit pourtant la question du Livre inspiré et semble participer de la constitution de ce « Grand Objet Sacré » selon l’expression de Roland Barthes. Il s’agirait donc de se demander quels rapports peuvent apparaître entre le Livre, parole révélée du Dieu unique, et la polyphonie, le dialogisme du roman moderne qui fait fond sur un paysage idéologique sécularisé.
Et de fait, si le nom de notre modernité est celui du « désenchantement », en quoi la question du Livre continue-t-elle de polariser l’imaginaire du roman ? Questionnement d’autant plus intempestif que la modernité littéraire déconstruit les formes, désagrège, fragmente le texte. Enfin, si le Livre vaut comme structure fantasmatique qui préexiste au roman et qui semble l’animer, le roman produit lui aussi une certaine représentation du Livre. Quel imaginaire du Livre sacré le roman construit-il en retour ? Il ne s’agirait donc pas tant de mettre l’accent sur la question des réécritures et de l’intertextualité biblique ou coranique dans les textes de la modernité, que sur l’imagination du Livre et sa fonction textuelle et symbolique dans l’économie narrative, ainsi que sur la production par l’imagination romanesque d’un fantasme, peut-être proprement littéraire, du Livre.
Liste des participants
Elisabetta Abignente, docteur de l'Université Paris Ouest Nanterre La Défense, Università Sapienza di Roma
Thomas Barège, docteur de l'Université d’Orléans
Laurent Bazin, doyen de l'Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines
Carole Boidin, Maître de conférences en Littérature comparée à l'Université Paris Ouest Nanterre La Défense
Lorine Bost, professeur de lettres en CPGE, docteur de l'Université Paris Ouest Nanterre La Défense
Sandra Cheilan, AMN à l'Université Paris Ouest Nanterre La Défense
Thomas Conrad, docteur de l'Université Paris 3 – Sorbonne nouvelle
Robert Damien, Professeur de philosophie à l'Université Paris Ouest Nanterre La Défense
Jérôme David, Professeur à l'Université de Genève
Elise Duclos, AMN à l'Université Paris Ouest Nanterre La Défense Gérard Haddad, psychiatre, psychanalyste, écrivain
Marion Le Corre-Carrasco, doctorante en littérature hispanophone à l'Université Paris Ouest Nanterre La Défense
Hélène Martinelli, AMN à l'Université Aix-Marseille I et Paris IV
Laurent Pietra, Docteur en philosophie à l'Université Paris Ouest Nanterre La Défense
Charline Pluvinet, ATER à l'Université de Rennes II
Philippe Zard, Maître de conférences en Littérature comparée à l'Université Paris Ouest Nanterre La Défense